Le bonheur passe par notre esprit. On a donc tout intérêt à en être maitre.
Qui n’a jamais prononcé une parole ou posé un geste qu’il ou elle a regretté par la suite? Nous connaissons tous ce « Je n’aurais pas dû! », que l’on garde secrètement pour soi, ou que l’on avoue honteusement à celui ou à celle à qui l’on a fait du mal ou de la peine. Silencieusement ou non, suivant la sincérité du « Je n’aurais pas dû! », il y aura le « Je ne le ferai plus, promis! » ou encore, dans le secret : « Il faut que j’arrête de faire (ou de dire) ça! »
À des degrés divers, nous avons tous payé le prix de nos emportements : des amitiés perdues aux divorces, en passant par des kilos en trop aux achats impulsifs.
Et pourtant, malgré les analyses, les explications et les « qu’est-ce qui me pousse à agir de cette manière? » pour tenter de comprendre ce qui nous a ainsi poussés — et les bonnes résolutions qui suivent —, dès qu’une occasion semblable se présente, nous continuons de nous emporter, retombant encore et encore dans la même habitude, dans la même ornière, incapables d’en sortir.
Force est de le reconnaitre : nous n’avons aucun contrôle sur notre propre esprit.
C’est cette première (et humiliante) leçon qui m’aura été servie lorsque j’entrepris ma première retraite Vipassana. Et pourtant, la tâche initiale était plutôt simple : observer le flux de l’air, qui entre et qui sort des narines. Bof! Facile!
Une mauvaise surprise m’attendait. Après une ou deux respirations, mon esprit s’échappait, parti dans ses souvenirs, ses regrets et ses rêves, ses peurs et ses projets. Soudain, après parfois jusqu’à dix ou quinze minutes de « cage à hamster qui tourne à haute vitesse », je me réveillais. « Oh! Où est-ce que j’étais rendu? » Retour à la respiration… pour encore quelques petites secondes, puis l’esprit s’échappait encore, et la cage à hamster qui se remettait en marche. Autre réveil, retour… autre évasion. Encore et encore.
Et ce fut la frustration de cette première journée. C’est ainsi que j’ai appris cette première leçon : aucun contrôle sur mon propre esprit.
Pourtant, je savais tout ça, pour l’avoir entendu ou lu des dizaines de fois. Mais c’est en en faisant l’expérience que je m’en suis vraiment rendu compte.
Cette expérience directe est le passage obligé, et c’est la seule chose qui peut nous dire la vérité sur nous-mêmes.
C’est cette expérience directe qui m’a permis de réaliser que, malgré toutes mes lectures et mes réflexions sur l’importance d’être maitre de son esprit, j’entretenais secrètement l’image que « les autres n’ont pas le contrôle de leur esprit; moi, oui ».
C’est cette expérience directe qui m’a fait réaliser que, suite à un emportement, le très fréquent « c’est pas bien grave », n’était qu’une manière de me déculpabiliser. De me cacher la vérité — inconsciemment ou non — du mal que je venais de causer.
C’est cette expérience directe qui m’a fait réaliser que je refusais d’assumer la responsabilité de mes actes. « Ce n’est pas ma faute! C’est elle qui m’a énervé! »
C’est cette expérience directe qui m’a fait réaliser combien très souvent, nous préférons « en discuter » plutôt qu’agir sérieusement. Que de temps perdu!
Finalement, c’est cette expérience directe qui m’a aidé à réaliser les dommages que mon incapacité à maitriser mon propre esprit pouvait causer — à moi-même comme aux autres — et qui m’a incité à passer à l’action.
Pour en revenir à la retraite, la frustration de départ fit graduellement place à de l’optimisme et à de l’encouragement. Après seulement 3 jours de travail sérieux, mon esprit arrivait à rester en place un peu plus longtemps, et j’arrivais plus rapidement à découvrir qu’il s’était échappé, le « dix minutes » du premier jour faisant souvent place à dix secondes.
Je vis donc qu’il est parfaitement possible d’arriver à maitriser son esprit, et à se donner accès à la paix et au bonheur.
Dans un prochain article, je partagerai comment Vipassana m’aide à m’emporter moins souvent et à éviter de poser des gestes ou prononcer des paroles que je risque de regretter.