La folie, c’est de faire toujours la même chose
et de s’attendre à un résultat différent. (Albert Einstein)
Elle ne nait pas reine; elle est fabriquée reine. Simple larve d’abeille, rien ne la distinguait pourtant des autres. Elle est celle que les ouvrières ont nourrie avec de la gelée royale, et c’est grâce à cette substance qu’elle deviendra plus grosse que toutes les autres abeilles, et qu’elle sera la seule à pondre des œufs et à vivre plus longtemps.
Se servant de cet exemple, un scientifique parle des plus récentes découvertes en épigénétique et révèle comment notre propre comportement d’aujourd’hui a une influence — bénéfique ou néfaste — sur notre vie future.
Dans les années 70, on commença à reconnaitre la capacité du cerveau à réorganiser son réseau de neurones. Contrairement à ce qu’on avait toujours cru, notre cerveau est en constante transformation. On sait maintenant que chaque humain a la capacité de décider comment le transformer.
Ce que l’épigénétique nous dit, c’est que notre cerveau se modifie continuellement, en fonction des expériences affectives, cognitives et réactives que nous vivons. (L’écriture de ces lignes a modifié mon cerveau — très légèrement, j’en conviens. Et la simple lecture de ces lignes a aussi modifié le vôtre.) Ces modifications auront des conséquences sur l’expression de notre code génétique, le fameux ADN, et ce sont ces configurations génétiques du moment qui seront transmises à nos enfants.
L’université McGill a d’ailleurs entrepris le Projet Verglas, étude qui démontre que le stress qu’ont vécu les femmes qui étaient enceintes lors de la crise du verglas de 1998 a eu une influence négative sur le développement cognitif de leur fœtus.
Dans un récent exposé, un psychologue de l’université Harvard explique que nous considérons, à tort, que notre personnalité actuelle correspond à celle que nous aurons toute notre vie. Nous agissons comme si nous n’étions pas en constante transformation. C’est ce qu’il appelle « l’illusion de la fin de l’histoire ». Comme il le dit, nous vivons avec l’impression que nous sommes aujourd’hui la version définitive. Cette impression est une erreur.
(Le topo est en anglais, mais on peut y mettre des sous-titres en français.)
Que pouvons-nous retenir de ce qui précède?
Nous sommes en transformation continuelle, bien que nous vivions comme si nous ne le sommes pas. Ces changements intérieurs étant tellement subtils, imperceptibles, nous agissons comme s’ils n’existent pas.
Lorsque je dis « Je suis » ou que je pense à moi, je ne fais que prendre un instantané de ce qui se passe en ce moment. La seconde après, il est désuet, obsolète.
Mais— et c’est le plus important — chacune de nos pensées, de nos paroles et de nos actions contribue à nous transformer.
C’est notre gelée royale à nous.
Que je le veuille ou non, que je m’en rende compte ou non, je me dirige vers un avenir qui sera meilleur ou pire que ma situation présente. Si je suis colérique, par exemple, et que je ne fais rien pour cesser de l’être, je deviendrai plus colérique encore, plus malheureux. Si je me laisse contrarier facilement aujourd’hui, ça va être pire demain.
Si, au contraire, je fais un effort sérieux, continuel et conscient pour sortir de cette vilaine habitude, alors la tendance à me mettre en colère ou à être contrarié ira en s’amenuisant, jusqu’à disparaitre complètement.
C’est à moi de décider.
La citation du début a pris une signification toute nouvelle, et je découvre combien j’ai été fou — et je le suis encore bien souvent — de vouloir que ma vie s’améliore tout en continuant de penser, de dire ou d’agir comme j’ai toujours fait.
J’ai pas ouvert les vidéos, mais j’ai beaucoup aimé l’article.
Merci de ton mot, Rémi. Ce qui est remarquable avec les vidéos, c’est jusqu’à quel point ces découvertes scientifiques sont récentes, et nous donnent un bon aperçu du fonctionnement de l’esprit humain.