Le premier pas

Reconnaitre qu’on est mal, c’est être au bon endroit…

… mais c’est ce qu’on fait après qui fait toute la différence.

Le texte qui suit n’est pas de moi. Je n’ai fait que traduire ce court extrait d’un livre écrit par un moine[1] bouddhiste, et qui s’adresse à quiconque ressent cette sorte de profonde insatisfaction, qui, toujours présente quoiqu’indéfinissable, devient de plus en plus évidente, au point de nous faire conclure que notre vie n’est pas celle qu’on aimerait ou celle qu’on aurait aimée.

J’aime bien ce texte car il parle de « ce qu’on fait après ».

J’aime bien ce petit texte car il est très encourageant, contrairement à ce qu’il pourrait sembler. Il explique que le fait de cesser de nier, et de m’ouvrir les yeux à mon propre mal-être a été l’étape indispensable pour me « forcer » à apporter les changements importants à la direction qu’avait pris ma vie, et trouver cette paix qui me semblait de plus en plus inaccessible.

Un peu comme les multiples et subtiles corrections que nous devons absolument effectuer au volant de la voiture, pour arriver à destination plutôt qu’aboutir dans le « décor », j’ai réalisé que chaque changement que j’apportais à mon ancienne façon de penser, dire ou faire (même le plus modeste) produisait un effet bénéfique.

J’ai fini par comprendre que c’était à moi de changer, et non d’exiger que le « décor » change de place.

Le Bouddha nous apprend seulement à développer notre propre faculté de discernement afin d’effectuer les bons changements, et s’assurer ainsi d’arriver à bon port, c’est-à-dire cet état de paix et d’harmonie que nous cherchons.

« La recherche d’un cheminement spirituel nait de la souffrance. Ce n’est certainement pas le fait d’une soudaine révélation, empreinte de lumière ou d’extase, mais plutôt de douleur, de déception et de confusion. Cependant, pour que la souffrance engendre un véritable cheminement spirituel, elle doit représenter plus que quelque chose que l’on subit, provenant de l’extérieur. Elle doit être le déclencheur d’une prise de conscience, une perception qui transperce la superficielle satisfaction qui accompagne notre rencontre avec le monde, pour réaliser jusqu’à quel point ce sentiment de sécurité repose sur des fondements fragiles. Même très bref, cet instant de clairvoyance peut nous précipiter dans une profonde crise personnelle. Cela bouleverse nos valeurs et objectifs habituels, tourne en ridicule nos préoccupations quotidiennes, et nous ne tirons plus satisfaction de nos vieux plaisirs.

« Au début, ces changements ne sont pas les bienvenus. On essaie de nier sa vision et d’étouffer ses doutes; on lutte pour faire disparaitre l’insatisfaction, dans de nouvelles activités. Mais la flamme de l’interrogation, une fois allumée, continue de brûler, et si nous ne nous laissons pas emporter par des ajustements superficiels ou ne nous rabattons pas dans une version rapiécée de notre optimisme naturel, éventuellement, cette étincelle initiale de perspicacité va s’embraser de nouveau, nous confrontant encore à notre sort essentiel.

« C’est précisément à ce point, toutes les issues étant bloquées, que nous sommes prêts à chercher une manière de mettre fin à notre mal-être. Il n’est désormais plus possible de dériver complaisamment dans la vie, menés aveuglément par notre soif de plaisirs matériels et par la pression des normes sociales dominantes. Une réalité plus profonde nous fait signe; nous avons entendu l’appel d’un bonheur plus stable, plus authentique, et nous ne saurions être satisfaits qu’une fois parvenus à destination. »

[1] Bhikkhu Bodhi <http://www.buddhanet.net/pdf_file/noble8path6.pdf>

La photo est une gracieuseté de Andraz Lazic sur Unsplash

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